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... est une manière de se démarquer de l'original mais aussi de lui donner une raison d'être.

  Séduit par le principe de l'immersion dans la tête d'un tueur, Alex (pour les intimes) a été stimulé par ce défi qui lui permettait de se couper de la grammaire classique du cinéma d'horreur :

« D'habitude, pour créer la peur, de la tension, on se met du côté de la victime ; là, ce n'était plus si facile ! Â»

  Dans un sourire, Alexandre explique qu'il lui a fallu un certain temps de ré-adaptation pour tourner son film suivant (Horns, NDLR).

 

Elijah Wood :

  La trentaine sonnée, l'acteur américain s'affranchit entièrement du poids de l'Anneau et de sa chevelure ébouriffée en se glissant dans la peau de Franck Zito, faisant ainsi écho à son personnage violent de Kevin dans le Sin City du duo Robert Rodriguez / Franck Miller (... et Quentin Tarantino).

 

« Quand il a entendu parler d'un remake de Maniac et que l'on s'est adressé à lui, il n'a pas compris (rires). Dans l’œuvre originelle, Franck est campé par Joe Spinell qui est une brute, un ogre comparé à Elijah. En développant l'histoire, on s'est rendu compte que l'idée c'était plus Norman Bates (Psychose, NDLR) que « le Â» Joe Spinell de l'original. Un côté romantique qui allait plus à un personnage qui pouvait facilement disparaître dans la foule (…). Â»

Les informations continuent de tomber :

  Ayant une vue très forte et une idée excessivement précise sur le personnage, Elijah s'est totalement impliqué. Au point qu'il voulait être présent chaque jour du tournage !

Incarnant ce personnage qui lui sied à merveille malgré le fait que celui-ci soit totalement opposé à ses rôles précédents, l'artiste a su le rendre parfaitement crédible.

 

« C'est un énorme fan de cinéma d'horreur, qui le connaît par cÅ“ur et, à mon avis, on va le revoir très vite dans d'autres rôles du genre. Il s'est un peu libéré maintenant, je pense qu'il va faire des choses qui lui font plaisir et le genre est vraiment ce qu'il aime. Â»

Effets spéciaux :

 

  Ce n'est plus un secret, Alexandre est un amoureux des effets visuels et le prouve une fois encore.

Les effets spéciaux défrisants du premier étant dus au maître Tom Savini (ayant un petit rôle également), Aja contacta Greg Nicotero (l'un des trois fondateurs de KNB EFX Group) pour relever le défi. Ayant déjà travaillé sur tous les films du réalisateur sur le sol américain, l'élève de Savini accepta et travailla comme jamais ! Au résultat, les scènes gores sont pour le moins... décoiffantes !

« Le défi était à la hauteur de leur talent (…), nous confie Aja, et le réalisme pour moi était la clef ! Â»

  Saisissants, ces effets à s'arracher les cheveux sont dus à sa préférence :

« J'ai toujours aimé le mélange des deux où l'on se sert des effets numériques pour améliorer les effets maquillages réels. Je n'aime pas le tout numérique ni le tout maquillage. Je trouve qu'il y a toujours un juste milieu pour arriver à un résultat qui est le plus invisible possible. Â»

  A la question si tous les plans à effets ont été utilisés dans le film, hésitant, comme quiconque dissimulerait un cheveu sur la langue, Aja fit appel à Baxter (monteur sur tous les films du réalisateur depuis Haute Tension) présent dans la salle. Celui-ci préférant l'anonymat ne répond pas à l'appel du producteur qui, devant des dizaines de visages souriants, est contraint d'avancer :

« Je crois que l'on a tout utilisé... J'ai l'impression qu'il y a un élément que l'on n'a pas utilisé mais je ne me souviens plus lequel... Â» (rires de l'auditoire).

  Malgré un temps de tournage assez court (23 jours), le producteur / co-scénariste avoue :

« C'était un tournage très stimulant dans le sens où, chaque jour il y avait des défis, les journées étaient trop courtes, comme à chaque fois (rires). Et puis, il fallait trouver des innovations. C'est vraiment un film où l'on cherchait en permanence des idées qui rendraient chaque scène différente. Â»  

« C'était un rêve d'enfant de faire un film d'horreur ! Â»

                                                                                  Nora Arnezeder

***

  Après l'adaptation cinématographique de l'ouvrage de Yasmina Khadra, Ce que le jour doit à la nuit, par Alexandre Arcady (père d'Alexandre Aja), la jeune actrice française de 23 ans change radicalement de registre et de coiffure pour donner corps à cette love story atypique.

« Quand Alex m'a appelé pour me proposer le rôle, j'étais folle de joie parce que ça faisait longtemps que je voulais travailler avec lui (...). Â»

Yasmina Khadra

Alexandre Arcady

  Celle qui a côtoyé il y a peu une ribambelle d'acteurs reconnus dont Denzel Washington et Ryan Reynolds sur le plateau de Sécurité rapprochée de Daniel Espinosa, continue :

« Je n'ai jamais entendu parler de Maniac, et pourtant je suis une grande fan des films d'horreur. Mais maintenant je serai ravie de le voir, par curiosité en tout cas. Â»

  Avant d’interpréter le rôle de Michèle Mercier dans la nouvelle adaptation du film Angélique, Marquise des Anges que réalise Ariel Zeitoun avec Gérard Lanvin et Tomer Sisley, c'est celui tenu auparavant par Caroline Monro qu'elle reprend :

« Dès le départ, on m'a proposé un personnage qui se bat. C'est une artiste qui a envie de défendre son travail, ce n'est pas du tout un personnage qui subit, c'est ça que j'ai trouvé intéressant ! Â»

  Une des choses les plus importante était de ne pas regarder la caméra de manière permanente, ce qui l'aurait amené, selon Aja, à surjouer. Dans ces conditions, nous imaginons aisément qu'il doit être laborieux de jouer constamment face à l'objec'tif, mais au-delà de ces difficultés, lorsque Fausto Fasulo lui demande quelle a été la scène la plus ardue pour elle, Nora dévoile sans hésitation son véritable challenge lors du tournage :

« Les longues scènes d'anglais ! Â»

  Par contre, Elijah Wood, par sa seule présence chaque jour sur le plateau, a été plus qu'une aide précieuse pour la jeune femme, une véritable source d'inspiration.

« Travailler avec un acteur comme lui te fait progresser ! Â»

***

« Moi qui suis quelqu'un de très sensible et qui compose une musique très romantique, j'ai été surpris d'être appelé pour ce projet ! Â»

                                                                                                          Rob

  A l'origine de la rencontre entre lui et Alexandre Aja, les amis en communs doivent se féliciter car l'une des grandes forces de ce film est sans concession le contraste entre la dureté des images et la bande-son mélancolique. Ce résultat fantastique revient au compositeur Rob.

 

« Pour ma part, livre Aja, c'est surtout son travail sur Belle Epine qui m'avait bluffé. Je cherchais pour ce film une « couleur Â» qui soit extrêmement loin des clichés du cinéma de genre habituel. Nous voulions utiliser ces clichés et les pousser à l'extrême, mais en même temps, je voulais développer l'histoire d'amour plus que le suspens. Â»

  Concernant son premier souvenir du long métrage de 1980, comme le producteur, le clavier du groupe PhÅ“nix se souvient « d'une sorte de flash interdit de vidéo-club Â».

 

  Durant la préparation de la B.O du film de Khalfoun, le musicien écoute et trouve la musique de l'original simplement magnifique :

 

« La plus belle idée était d'amener de la beauté dans cet univers... euh... dégueulasse ! Â»

 

  Comme son entourage, Rob, à la sensibilité exacerbée appréhendait l'état dans lequel il allait se retrouver en travaillant chaque jour sur ce type de film :

« En fait, il s'est créé une forme de tendresse (…), c'est vraiment comme ça que j'ai composé la musique. Je me suis mis à accompagner ses moments de profonde tristesse, ses moments de furie ... On ne va pas se mentir, le personnage est complètement fou, du coup, je me suis autorisé à être sans limite. Â»

  Malgré le fait de ne pas être proche des plateaux, donc pas dans le rythme du film, Rob a tout de même bénéficié de séquences complètes :

« C'est agréable car je voyais la scène du début à la fin ! Â»

 

  Suite à cela, il nous accorde que les passages qui l'ont le plus inspiré étaient ceux des scalps :

« Car c'est là que je ressentais le plus de...

- Tendresse ! » finit Fausto (rires de la salle).

 

  S'inspirant, entre autres, du compositeur italien Giovanni Giorgio Moroder (Scarface, Midnight Express...) pour l'utilisation électronique et mélodique, le compositeur réussi haut la main à apporter cette touche appuyée de romantisme à la violence graphique ponctuant le long métrage.

 

  Sa musique nous rappelle aussi que nous sommes bien dans un remake en proposant des sonorités actuelles tout en gardant un style d'époque « vintage Â» et appuyé.

  La bande originale, résultat d'un travail passionné, est une véritable ode à la compassion. Un thème superbe en total décalage avec la violence des images... Embrassant la pluralité des sentiments du héros, Rob aboutit à un mixte parfait !

  Notons aussi que sa musique se retrouve agrémentée/gratifiée de morceaux tel que « Goodbye Horses Â» interprété par Q Lazzarus (déjà audible dans Le Silence des Agneaux et Clerks 2...) qui finissent de planter l'atmosphère idéale pour ce long.

  Lorsque Fausto lui demande comment il a évité les pièges du stéréotype, l'auteur répond simplement par une autre question :

« N'est-ce pas un exercice encore plus intéressant que de jouir des stéréotypes, de les embrasser et de les transcender ? Â»

… Il a tout dit.

***

  Fatalement, LA dernière question pour Alexandre concerne un projet très attendu :

« Cobra ? Toujours ! Tous les jours ! Ça avance, c'est un gros projet, très ambitieux, très très cher et donc ça prend du temps pour trouver les acteurs, le financement... Pour le scénario, on se base sur plusieurs histoires que l'on a combiné ensemble. J'espère que ce sera le prochain ! Â»

 

  Evitant le débordement de questions et ainsi verser dans le hors-sujet de la soirée, l'hôte au cuir chevelu vierge coupe court aux questions concernant le pirate de l'espace à la blonde tignasse et remercie le public de sa présence.

  Sous les applaudissements les invités se retirent après avoir échangé avec des passionnés de la première heure...

Puis c'est dans le froid hivernal, après plusieurs photos devant le cinéma, que nous voyons Alexandre, Nora et Rob s'enfoncer dans la nuit parisienne et le tumulte de la circulation dense du 3ème arrondissement...

Conclusion

  Maniac « nouvelle version Â» s'inscrit instantanément dans le genre malsain au possible en nous entraînant, au sein d'un L.A glauque, dans une boutique de l'horreur où les mannequins « prennent vie Â» grâce, notamment, à la vision du photographe français David Law.

Pour l'accomplissement de leur projet, le trio Aja / Levasseur / Khalfoun use d'un développement plus poussé du personnage désigné par le titre, son univers, ses phobies : un réel atout. Et que dire de la composition musicale de Rob, cette musique tantôt électro, tantôt mélancolique ?

  Trois décennies après l'original, Maniac saura en marquer plus d'un et se place instantanément comme un très bon slasher contemporain. Ce n'est pas indemne que vous ressortirez de cette immersion dans la peau d'un psychopathe. Une incursion ébouriffante dans l'esprit d'un dérangé de haute voltige.

  Un film à la première personne beaucoup plus profond qu'il n'y paraît : Maniac traite du mal d'être aimé (accordons-nous que ces demoiselles ne se crêpent pas le chignon pour notre héros)... Thème retrouvé notamment dans les longs métrages animés (Disney : Les mondes de Raph / DreamWorks Animation : Les Cinq Légendes) projetés sur les toiles pour cette fin du monde... Pardon, cette fin d'année !

Comme quoi, qu'importe le public ciblé, certains thèmes sont encrés dans l'actualité...

 

  Alexandre Aja, Thomas Langmann et Franck Kalfoun, tous trois bien décidés à rendre ses lettres de noblesse au Maniac de 1980 en y apportant une touche personnelle et moderne ont réussi leur pari :

Tragique, violent et sensible, Maniac est, quoi que l'on en pense, de ces films qui interpellent, dérangent, coupent les jambes et vous dressent les cheveux sur la tête !

  Cette master class, d'une simplicité déconcertante (due à la « cool-attitude Â» des invités et de leur hôte) restera gravée en chacun de part la richesse des échanges sur le sujet ainsi que sur le travail en amont, mais aussi et surtout d'avoir partagé cette petite étincelle « qui change tout Â» provoquée lors de rencontres entre passionnés, et ce, quelque soit le sujet...

 

  Mademoiselle Arnezeder, Messieurs Fasulo, Rob et Aja, merci de nous avoir partagé des moments de vos métiers respectifs, de votre passion...

Texte et photographies par Sam Soursas

 

Origine : France / USA

Réalisation : Franck Kalfoun

Scénario : Alexandre Aja et Grégory Levasseur d'après C.A Rosemberg et Joe Spinell

Musique : Rob

Production : Alexandre Aja, Thomas Langmann, William Lustig pour Aja / Levasseur Productions, Blue Underground, Canal +, Ciné +, Studio 37 et La Petite Reine

Distribution : Warner Bros France

Interprètes : Elijah Wood, Nora Arzeneder

Durée cinéma : 105 mn. Couleur

Sortie : 2 janvier 2013

 

DESIGNED BY ANNELISE LADOUE & SAM SOURSAS

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